Le moins que l’on puisse dire est que Hal Elrod a la pêche. On sent l’énergie au travers de sa façon d’écrire qui n’a pas été affectée par la traduction. Il s’agit d’un homme pressé qui ne s’encombre pas d’états d’âme. Il va de l’avant sans se poser de questions.
C’est probablement cette énergie et cette tournure d’esprit qui l’ont sauvé. Son livre « Miracle morning » commence par le récit rapide de son accident de voiture dans lequel il a failli perdre la vie et par le rappel de la crise financière dans laquelle il a perdu sa fortune.
On a l’impression que le destin doit nous plonger au plus bas pour nous forcer à réagir. En tous cas, il en a été ainsi pour lui. Sa méthode est née alors qu’il se trouvait dans les pires difficultés.
L’idée de base est de se livrer à des exercices de développement personnel le matin, dès le saut du lit, parce que c’est à ce moment que nous sommes le plus reposés et le plus efficaces. Et bien sûr, il faut se lever plus tôt afin de pouvoir nous livrer à notre routine personnelle.
Il démontre ensuite comment 95% de la population ont une vie moyenne, c’est à dire médiocre, afin d’inciter tout le monde à se secouer un peu pour sortir de ce pourcentage écrasant.
Dès le premier chapitre il expose les notions de base pour y parvenir :
- « Vous méritez et êtes autant capable qu’une autre personne de créer et d’entretenir santé, richesse, bonheur, amour et réussite à des niveaux extraordinaires (…) ».
- « Pour que vous cessiez de vous contenter de peu par rapport à ce que vous méritez (…) vous devez commencer par vous évertuer chaque jour à devenir la personne qu’il vous faut être (…) ».
- La façon de vous réveiller chaque jour ainsi que votre routine matinale conditionnent énormément votre degré de succès dans tous les aspects de votre vie (…) ».
Je mets en exergue le passage suivant qui mentionne un point fondamental et qui donne du crédit à tout le livre, parce que, sans investissement personnel, sans un travail sur soi rien n’est possible : « Notre monde extérieur sera toujours le reflet de notre univers intérieur. Notre niveau de succès sera toujours parallèle à notre niveau d’épanouissement personnel. A moins de consacrer chaque jour du temps à nous épanouir pour devenir la personne qu’il faut afin de créer l’existence souhaitée, atteindre le succès restera une lutte permanente ».
Un peu plus loin il expose les freins à notre évolution.
- Il parle de « l’effet rétroviseur » que je résume par : j’ai toujours fait comme ça, donc je suis incapable de faire autrement.
- L’absence de but. Il est difficile de savoir ce que l’on veut. La plupart du temps on ne sait pas dans quel but on se lève le matin.
- Isoler les incidents. « C’est ce que nous faisons lorsque nous estimons, à tort, que chaque choix et chaque action que nous entreprenons, n’influe que sur le moment en question». Par exemple, s’accorder à manger gras en se disant qu’on fera attention demain est une très mauvaise attitude parce que « tout ce que vous faites influe sur la personne que vous devenez, ce qui conditionne au final la vie que vous finirez par créer et vivre ».
- Un manque de sens des responsabilités. Pour y remédier, Hal Elrod conseille de se doter d’un « partenaire de responsabilisation », c’est à dire une personne qui va nous accompagner et nous stimuler à mettre en œuvre la méthode dans notre vie.
- Un cercle d’influence médiocre. « La recherche a montré que nous finissons pratiquement tous par ressembler à la moyenne des cinq personnes avec lesquelles nous passons le plus de temps ». D’où l’idée de côtoyer les personnes qui ressemblent à la personne que nous voulons devenir.
- Un manque d’épanouissement personnel. A l’appui de cette idée, Hal Elrod rappelle un concept de Jim Rohn qui fait partie de ses mentors : « Notre niveau de succès dépassera rarement notre niveau de développement personnel, car le succès est une chose que nous attirons selon la personne que nous devenons».
- Une absence de sentiment d’urgence. A ce sujet il assène des vérités incontournables telles que : « Ne pas ressentir d’urgence à s’améliorer afin de rendre sa vie meilleure est sans aucun doute la plus importante cause de médiocrité et de potentiel inexploité». Ou bien encore : « Le moment présent est plus important que n’importe quelle période de votre vie, car c’est ce que vous faites aujourd’hui qui conditionne l’individu que vous devenez ».
Viennent ensuite quelques considérations plus ou moins douteuses sur le sommeil qui sont présentes ici parce que l’auteur considère que pour un meilleur profit sa méthode doit être mise en œuvre de bon matin, en grignotant du temps sur le temps de repos.
La méthode elle-même est présentée dans un chapitre qui est intitulé « Life SAVERS ». SAVERS étant un acronyme anglais.
S comme Silence. C’est à dire méditation. Mais je ne peux m’empêcher de constater que la méthode de méditation présentée par l’auteur est tellement simpliste qu’elle n’est plus actuelle. Disons qu’elle convient à un débutant hyperactif et stressé.
A comme Affirmations. Notre inconscient est programmé par ce que l’on nous a dit, ce dont nous nous sommes convaincus et ce que nous avons vécu. Les affirmations ont pour effet de nous reprogrammer afin de rendre possible l’atteinte des buts que nous nous sommes fixés. Le tout est de déterminer précisément ce que l’on veut. Hal Elrod préconise ensuite de se demander pourquoi on souhaite cela, puis à nous engager sur tout ce que l’on est prêt à faire pour l’obtenir, tant dans les qualités personnelles à développer que dans les efforts à fournir. Pour finir il incite à prendre des exemples au travers de citations d’auteurs ou de philosophies qui nous inspirent.
V comme visualisation. « La visualisation est le processus consistant à imaginer précisément ce que vous souhaitez accomplir, puis à répéter mentalement ce qu’il faut faire pour y parvenir ». Je cite toujours : « Jack Nicklaus disait : « Je ne tape jamais un coup, pas même au practice, sans en avoir une image très nette dans ma tête » ». Ce qui sous-entend que la visualisation consiste à répéter la scène dans la tête avant de la jouer en vrai. Mais l’exercice consiste également à se visualiser en train de réaliser les tâches nécessaires à l’obtention du but convoité. Évidemment il est possible d’utiliser le tableau de visualisation dont parle Ronda Byrnes dans « Le secret ».
E comme Exercice physique. Les vertus de l’exercice physique ne sont plus à démontrer, mais Hal Elrod insiste pour une pratique matinale. Et il met tout particulièrement en exergue les bienfaits du yoga.
R comme Reading (la lecture). Bien sûr il s’agit de lire des livres de développement personnel qui constituent une source d’inspiration et de stimulation infinie.
S comme Scribing (l’écriture). L’idée est de prendre des notes sous forme de journal (ou pas) afin de ne rien oublier et de mesurer les progrès accomplis.
La suite est une déclinaison de la méthode selon plusieurs approches en fonction des contraintes de chacun : mettre en œuvre les life SAVERS en six minutes seulement, paramétrer la méthode, que manger et quand, routine pour le week-end, comment éviter la procrastination etc …
Un chapitre entier est consacré au changement d’habitude. Hal Elrod prétend que, en trente jours, on peut abandonner nos mauvaises habitudes et en adopter des plus vertueuses. Je ne sais pas si c’est réaliste, mais j’en retiens surtout que l’amélioration du cours de notre histoire personnelle passe par un travail sur soi assidu, persévérant et bien structuré.
Le but de ce changement d’habitudes est de devenir enfin la personne que l’on souhaite être et d’atteindre les objectifs que l’ont s’est fixé. « Votre situation actuelle dépend de l’individu que vous étiez, mais votre future situation est entièrement conditionnée par l’individu que vous avez décidé d’être à partir de maintenant ».
En résumé, cet ouvrage a été écrit par quelqu’un qui est hyperactif (il avoue lui-même qu’il a été diagnostiqué TDAH : trouble de déficit de l’attention/hyperactivité) et qui a une démarche commerciale innée qui se manifeste par beaucoup de considérations enthousiastes et un peu verbeuses qui me font figure d’être présentes uniquement pour remplir un livre. Par contre l’exposé de la méthode elle-même tient en un chapitre. Et c’est regrettable parce que les différentes techniques dont la mise en œuvre est préconisée auraient méritées d’être explicitées, documentées et approfondies. Cependant la vertu de cette méthode est d’associer différentes techniques dans une même routine, ce qui est le gage d’une meilleure efficacité.
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